Ils parlent de leurs chiens

Réhabiliter la présence du chien à Aubervilliers,
le parcours du combattant

par Sandrine Rouanet. Professeur des écoles

Si ma chienne yorkshire de 8ans peut venir dans ma classe de Moyenne Section en toute sécurité, en tant que véritable auxiliaire pédagogique (voir l’article un chien à l’école maternelle), c’est parce qu’elle a pu, dès ses 2 mois,  fréquenter le square du centre ville. Toute petite, elle a été habituée à être entourée d’enfants de tous les âges, à jouer avec eux, à éviter leurs gestes, parfois brusques, sans agressivité.

Malheureusement, il y a cinq ans, le square Stalingrad a été rénové et comme tous les espaces verts fermés, gérés par La Plaine Commune, il est devenu interdit aux chiens. Or, nous étions un groupe d’une dizaine de personnes, de toutes les générations, de toutes les professions, à nous retrouver tous les soirs de la semaine, pour faire jouer nos chiens et permettre aux enfants et aux personnes n’ayant pas de compagnon à quatre pattes, mais les aimant, de profiter de leur compagnie et d’échanger, de tisser des liens avec nous. Nous nous mettions toujours à l’écart des jeux, nous ramassions les déjections même s’il est vrai que certains propriétaires de chiens qui ne faisaient que passer, n’avaient pas l’esprit aussi citoyen…

Si les propriétaires de chiens doivent se montrer responsables en éduquant leur chien et en respectant « la propreté » des lieux publiques, comme tous les citoyens ( qui crachent, urinent, jettent leur déchets à côté de poubelles..!) , ils sont aussi des électeurs, des contribuables qui méritent de profiter, comme tous les autres habitants de la ville d’un espace vert. Avoir un chien améliore la vie quotidienne en ville ! Un chien permet d’être en meilleure santé, d’avoir un minimum d’activités physique, d’être moins sujet au stress et aux allergies, de lutter contre l’isolement, la dépression et de favoriser les rencontres !

Dans nos banlieues, nous les propriétaires de chiens, nous devrions être plus souvent cités en exemples. Nous avons formé un comité et nous sommes rentrés en contact avec la municipalité pour proposer de réfléchir à une politique  de réhabilitation du  chien dans la ville, en créant des cani-parcs, des distributeurs de sac à déjections. Et dans un second temps, en organisant des ballades canines et des journées de rencontres avec des éducateurs canins (comme à Nanterre). Notre projet a été accueilli positivement par monsieur Le Maire, par sa première adjointe et l’adjoint à l’écologie et responsable du règlement des espaces verts.

Pourtant, cinq ans après le début de nos démarches et deux ans après notre dernière réunion, la seule chose concrète qui a vu  le jour, c’est l’installation de distributeurs de sac à déjections! Il est visiblement  encore difficile de voir le chien autrement que comme un producteur de crottes!

Certes, en attendant la création du premier cani-parc, nous avons obtenu « l’ autorisation verbale »  de faire jouer nos chiens dans une partie du Parc Aimé Césaire, sur les rives du Canal. Ce n’est qu’une tolérance mais le plus décevant est de s’entendre dire  » je ne vous oublie pas, je vais vous rappeler, ne vous inquiétez pas le cani-parc sera fait avant la fin de l’année… » alors que rien ne se passe!

C’est à se demander si nos chiens qui commencent à vieillir verront un jour les choses changer !