Coup de museau

Plus d’espaces de liberté pour les chiens citadins

par Marie-Charlotte Belle, auteure du Rapport sur les espaces verts accessibles aux chiens à Paris intra-muros,
2012 pour l’association Chiens en Ville.

ParcAujourd’hui je reprends mon clavier pour partager avec vous quelques réflexions sur les arguments régulièrement opposés au projet de parc canin ou espace de liberté pour les chiens (peu importe l’appellation pourvu que l’on ait l’autorisation à défaut de l’ivresse) à Paris. Il me vient donc régulièrement aux oreilles qu’un parc canin parisien augmenterait le risque de morsures. A cet argument une simple réponse de bon sens me vient à l’esprit : un chien agressif en liberté l’est tout autant en laisse. Cette dernière n’est qu’un garde-fou illusoire qui ne met pas à l’abri d’un accident et ne règle pas le problème de l’agressivité d’un chien.

Au contraire, un espace de liberté réduirait l’agressivité canine urbaine, et peut-être même la morosité des parisiens ! Il apporterait à nos chiens l’activité quotidienne dont ils ont besoin et les sociabiliserait vis-à-vis de leur environnement. De surcroît, un parc canin n’oblige en rien à lâcher notre chien si l’on se sent incapable de le contrôler. Comme dans les autres villes, les espaces de liberté parisiens disposeraient d’un règlement promouvant la responsabilité et le contrôle des propriétaires sur leurs chiens et le respect des autres usagers. Bien qu’étant la capitale, Paris n’est pas dispensée d’un tel règlement ! Il lui serait même fortement conseillé de suivre l’exemple d’autres villes, tel que Lyon, en proposant des cours d’éducation Animal (et de responsabilisation Homme) diminuant ainsi les sources de conflits urbains. Pour une fois le copiage sur le voisin serait fortement recommandé !

Parc CaninPlus qu’un risque de morsure, le parc canin apporterait un risque de cordialité entre parisiens. Que dirait de nous le monde entier, si les parisiens (et leurs chiens) devenaient aimables…. Faut-il courir ce risque ?

Autre argument régulièrement invoqué pour contrer la création de ces (intolérables) espaces de liberté pour chiens parisiens : un parc canin à Paris privatiserait l’espace public. Je n’avais jamais vu sous cet angle alors les multiples terrains de baskets, de pétanques, de ping-pong, aires de jeux pour enfants qui animent nos chers jardins publics parisiens. En quoi un parc canin serait-il plus privatif que ces autres zones de loisir ?  Il ne se veut pas  « exclusivement réservé aux chiens ». Rex le berger allemand et Kiki le chiwawa du quartier  n’ont pas vocation à devenir des chiens de garde postés à l’entrée. Quel drôle d’idée ! Bien au contraire, comme les autres zones de loisir, il est ouvert à tous les usagers, propriétaires de chiens ou non. Pour éviter l’exclusion des chiens dans des enclaves canines, il est primordial d’ouvrir tous les espaces verts aux chiens en laisse permettant ainsi à leurs propriétaires d’exercer leur citoyenneté pleine et entière en ayant accès à tous les espaces publics de leur ville. Les non propriétaires de chiens ont-ils des restrictions d’accès à certains espaces publics de la ville ? Un parc canin est donc un espace communautaire, source de lien social (un objectif si cher à nos villes).

Il ne tient qu’à nous de nous mobiliser le 8 juin pour enfin battre le pavé à 4 pattes et 2 jambes.