La « patte » des people

Christiane Collange : « les labradors sont les amours de  ma vie. »

 

Christiane Collange et son chat

J’ai habité le quartier de la Muette à Paris, à côté du Bois de Boulogne, uniquement pour  pouvoir y lâcher mes chiens. J’ai toujours aimé les grands chiens (labrador, airedale, etc.) or les grands chiens ont besoin de courir. Impossible de les promener toujours en laisse, les pauvres, ils sont trop malheureux s’ils ne font que le tour de l’immeuble.

J’ai toujours aimé emmener mon chien au bois de Boulogne, une fois par jour. Ca me faisait faire de l’exercice, il n’y a rien de meilleur pour la santé que d’avoir un chien. Aujourd’hui, il pleut je ne suis pas sortie. C’est la faute de mon chat qui est très casanier. Si j’avais eu un chien, ça m’aurait obligé à prendre l’air.

 Un de mes fils a hérité de ma passion pour  les chiens. Il a appelé le sien « A Poil » parce qu’il est plein de poilsc’est un Griffon Basset Vendéen – Mon fils a totalement refusé de le mettre en laisse il veut que son chien soit libre, c’est une maladie familiale, je n’ai jamais vu mon père mettre une laisse à un de ses innombrables chiens. Mon frère non plus, ni moi d’ailleurs. Nous sommes une famille de chiens sans laisse !

A Poil a été habitué à marcher et à courir à côté de son maître. Si bien que quand il voit un joggeur il adore le suivre en courant. Un jour j’emmène mes petits-fils se promener au Bois avec leur chien qui commence à suivre les messieurs qui passaient en petites foulées. Forcément pour le rappeler, je crie « A poil, Apoil ». J’ai vite compris que les messieurs me prenaient pour une folle, une dingue qui dès qu’elle voyait un monsieur courir criait « à poil à poil ». J’en souris maintenant mais quand je suis rentré, j’ai dis à mon fils : « c’est terminé je n’emmènerai plus jamais ton chien courir. » Il a éclaté de rire, tout content : « mais Maman c’était fait exprès et ça a bien marché ! »

Le chat de Christiane Collange

J’avais une vieille tante que j’adorais qui est morte en maison de retraite à 99 ans et demie. A l’époque j’avais un gros labrador « Eros », une passion de ma vie et j’avais eu l’autorisation de la directrice d’emmener mon chien quand je rendais visite à ma tante. J’y allais presque toutes les semaines, et les pensionnaires de la maison de retraite nous attendaient.

Eros était un labrador délicieux, gentil et aimable et c’était un plaisir extraordinaire. Je restais toujours plus longtemps que prévu parce que tout le monde voulait le caresser, lui parler. Il adorait se faire gratter le dessus de la tête. Ce sont des animaux faits pour donner de la tendresse, pour ces vieilles personnes qui sont tellement privées de contact physique, on ne les caresse pas si j’ose dire, on ne les embrasse plus. Et le chien arrive et met la tête sur leurs genoux. Il y a un vrai contact physique avec un être vivant. Vous pouvez être moche, malade, fatigué, il y a ce regard chez l’animal qui vous rappelle que vous êtes quelqu’un alors que le regard des humains n’est pas forcément sympathique pour les vieux. Dans notre société, on se touche de moins en moins et les gens ont besoin du toucher et du regard.

Alors pensez à emmener votre chien en maison de retraite, même si  l’habitude est plutôt le réflexe inverse. Il faudrait que les chiens « aimables » soient autorisés à venir. C’est spectaculaire la relation entre les vieux et les chiens. Les enfants ont peur des chiens mais pas les vieilles personnes.

J’ai un défaut j’aime les animaux racés, somptueux pour le plaisir des yeux. Je suis très sensible à la beauté  si bien que mes chiens ont toujours été demandés « en mariage ».. Si, un jour, je me retire à la campagne, je rêve de reprendre un labrador. Ils ne sont jamais méchants, tellement obéissants et facile à dresser. Le mien, se mettait chaque soir derrière la porte d’entrée et je savais que dix minutes après, mon fils rentrait du lycée ! Je suis une inconditionnelle des labradors. Un jour je vais avec Eros dans un centre commercial, il était costaud et me tire tellement fort que je vais m’aplatir contre une vitrine et me casse le nez. Les pompiers sont arrivés, je saignais beaucoup. Ils m’ont ramené chez moi et le chien est resté deux jours à côté de mon lit sans bouger, sans manger, sans sortir, sans rien. Il ne me quittait pas d’une seconde.

Quand  je suis devenue grand-mère, je voulais me faire appeler Mamy., mais l’autre grand-mère aussi ; Alors pour nous différencier nous avons accolé le nom de nos chiens, c’est comme ça que pour certains de mes petits-enfants, je suis devenue« Mamy Eros », un nom original pour une grand mère ! Avec lui j’allais tous les jours au Ranelagh et là on m’appelait Madame Eros ! Il y a toute une sociabilité autour du chien.  Si vous vous adressez à un bébé les mères ne le vivent pas toujours bien, par contre si vous adressez la parole à un chien vous êtes sûr que son maître, ou sa maîtresse,  vous fera la conversation.

Je savais qu’après la mort d’Eros, je n’aurais plus jamais de chiens, je suis trop vieille pour avoir un chien à Paris. Quand on vieillit c’est contraignant. Très gentiment c’est mon frère qui m’a offert cet Abyssin ;  moi qui « détestais » les chats, je me suis vite rendu compte qu’on ne peut pas vivre et exister sans un animal vivant. Quand j’habitais au 6ème étage, au bout de quelques mois il a disparu, on l’a cherché partout et on l’a entendu miauler dans un buisson en dessous, il avait sauté du 6ème étage. Verdict du vétérinaire de nuit : vous avez un « chat parachutiste » et s’il a sauté une fois, il ressautera. Et moi qui pensais que de s’être cassé le col du fémur lui servirait de leçon… Mon vétérinaire de campagne me confirmera plus tard que j’avais bel et bien un « chat parachutiste » et qu’il n’y avait  rien à faire. Un comportement enseigné dans les écoles vétérinaire. Du coup je me suis renseignée sur cet étrange phénomène. A New-York il y a des chats qui sautent du 24ème étage,  ils mettent la tête en l’air, écartent les pates et les poils du ventre les ralentissent. Alors en atterrissant ils ne se tuent pas mais se cassent les pattes. Selon le vétérinaire je n’avais que deux solutions habiter au rez- de-chaussée ou  grillager tous les balcons, ce que j’ai fait.  Mon chat et moi vivons ainsi un peu en cage !

On me dit que j’élève mon chat et que je me comporte avec lui comme un chien. Pourtant les chats sont supposés être plus sauvages que ça. Le mien, « Tchat » ne me quitte pas et m’obéit, on va se promener et il rentre avec moi. Un chat a un avantage par rapport à un chien, c’est qu’il ronronne, il a une façon incroyable d’exprimer sa satisfaction. Un chat qui ronronne c’est le plus formidable des anti-stress que je connaisse mais je ne retrouve pas ce regard que j’avais avec les labradors. Quand un labrador vous regarde en vous aimant il n’y a pas un seul être au monde qui puisse vous montrer à ce point-là l’amour qu’il vous porte.

Comme tous les gens qui les aiment, Christiane Collange est intarissable sur les animaux. Dans sa vie de journaliste et d’écrivain, elle a eu 5 chiens Ulysse, Jox, Nick, Patsy et Eros. Maintenant c’est aux côtés de « Tchat » le chat qu’elle continue de tremper sa plume sur l’ordinateur pour ses chroniques et ses livres. « Tchat » lui fait découvrir une troisième dimension.

Bien qu’elle soit en âge d’une retraite bien méritée, elle se paye le luxe de reprendre le micro sur une antenne qu’elle connaît bien. En 1970, ce fut la première femme journaliste a intégré la station Europe1. Aujourd’hui elle fait une chronique sur les grands-parents tous les dimanches matin sur la même station !

Ne vous privez pas de sa chronique pétillante et de son coup de gueule bien senti contre les maisons de retraite qui accueillent des résidents mais refusent leurs chiens. Une séparation et un déchirement affectif grave, pour cette militante au grand cœur.

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