Une ville propre

Sale temps pour les CDC

par Christine d’Hauthuille

Il n’y a pas de fumée sans feu ou de chiens sans crottes, aurait pu dire Mr de  la Palisse. Si les humains ont des toilettes à « portée de pattes », les chiens n’ont pas cette chance.

Certains  artistes ont eu une curieuse idée d’en faire des œuvres d’art, mais à Paris, les touristes s’étonnent encore de devoir zigzaguer sur les trottoirs et les  parisiens de longue date connaissent les dangers d’avoir la tête en l’air. Une rencontre malheureuse est vite arrivée, un moment d’intimité qu’on aurait tellement aimé éviter. Se consoler en se persuadant que le pied gauche porte bonheur et que le pied droit… irait bien se planter dans le postérieur du « saligo de parigo ».
Allons, respirons calmement et inspirons nous de cette pensée visionnaire : « c’est pas parce qu’on y est tous… qu’il faut en plus marcher dedans »


Si vous ne sortez pas balader votre chien, vous êtes sûr qu’il vous laissera un cadeau personnalisé. Au choix : salles de bains ou cuisine, moquette ou parquet ! Et le bipède qui découvre l’exploit lâche généralement une expression d’extrême lassitude mais qui tombe à pic -et merde !!!-  
Mais les mots n’y changent rien :  solide ou liquide , il faut nettoyer.
Alors, question existentialiste  : Pourquoi ce geste si naturel chez soi devient si difficile à l’extérieur ?
Les crottes de chiens, les CDC, c’est un débat qui fait débat. Radio trottoir, chacun sa plume, chacun son anecdote. Café du commerce, causette familiale, dispute de voisinage, l’inspiration est éternelle.

De la génération des motos crottes, j’ai été éduqué à la méthode caniveau. Un coup de laisse, position oblige entre 2 voitures, attentif à votre chien, vous savez reconnaître le moment opportun. L’instant libérateur! Mais le caniveau aujourd’hui n’a plus la cote, l’amende à Paris pouvant aller jusqu’à 435 euros*. C’est étrange, pourtant, la CDC du caniveau est nettement moins nocive que sa petite sœur du trottoir. Parce que c’est elle la plus redoutable, la plus espiègle, et la plus sournoise de toute. Celle jonchée inerte sur le bitume. Un petit moment d’inattention, et le pire des scénarios peut se dérouler sous vos yeux : on marche, on glisse, on peste et on tombe. Si on casse…ça devient le cauchemar. Se retrouver aux urgences pour une histoire de m…, ce n’est pas bon pour le moral !

Mais soyons honnêtes, nous sommes de plus en plus nombreux à être de bons citoyens. Fini les moments de solitude, le rituel prend forme, on s’habitue à tout et d’ailleurs Mrs Sopalin et Sac en plastiques nous en sont foncièrement reconnaissants.

Ramasser, c’est un acte civique et pour travailler l’ego il n’y a rien de mieux !

 

 

 

 

* Voir la brochure de la Mairie de Paris : « Bien vivre avec les animaux à Paris ». Extrait : « Ramasser les déjections est un acte de civisme et une obligation. Le montant de la contravention pour ne pas avoir ramassé les déjections peut aller de 183 Euros à 450 Euros. »