Le chien et la loi

Un livre qui a du chien !

par Christine Le Tenier

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« Le chien, histoire d’un objet de compagnie » écrit par Victoria Vanneau est un livre passionnant et truffé d’informations. L’auteur informe et montre le rapport entre l’homme et le chien depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours : « Je devais raconter une histoire à partir d’objet et en droit l’objet le plus typique est quand même l’animal. L’idée d’écrire ce livre est partie de là et j’avoue qu’Horace, mon chien m’a beaucoup aidé dans la rédaction de cet ouvrage ».

Au travers des siècles, le chien a souvent été considéré comme un outil de travail : «  Le chien a toujours accompagné l’homme dans son activité, ça a été un chien de chasse et de guerre. Puis au 19ème siècle pour des raisons économiques, on a commencé à utiliser des gros chiens. Attelés, ils ont ainsi permis aux hommes de poursuivre leur activité de commerce ambulant, et cela, à moindre coût. Pendant très longtemps, il y a eu aussi des taxis avec des chiens de traie car c’était très en vogue de promener des adultes ou des enfants en petite charrette » précise Victoria Vanneau.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Même si le chien n’est plus utilisé de la même manière et avec cette même violence, on se sert toujours de lui pour rendre service à la personne. On en fait des chiens policiers, des chiens d’avalanches ou de catastrophes naturelles, des chiens guides d’aveugles… A propos de ce dernier comme l’indique Victoria Vanneau, on peut lire dans de récents articles écrits par des vétérinaires qu’ils se posent la question s’il est légitime de faire travailler le chien. Victoria Vanneau renchérit : « C’est très bien de les faire travailler, ils retrouvent leur fonction d’aide aux hommes mais quelque part on les empêche de jouer, d’être heureux et d’aller vers leurs congénères. C’est vrai que la fonction du chien auprès de l’homme a toujours été une aide très sûre et ce, depuis la nuit des temps mais il n’a pas toujours été exploité dans de bonnes conditions et ce, pour des raisons économiques ».

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Mais alors, est-ce que l’homme a toujours vu l’animal comme un objet ? Oui et non. Les recherches de l’historienne font découvrir que déjà sous l’Antiquité des penseurs grecs estimaient que les animaux étaient des choses sans raison, sans sensibilité. Alors que d’autres étaient beaucoup plus protecteurs et respectueux de l’animal, de l’environnement et de la nature en général. Ils étaient presque des écologistes avant l’heure. C’est le cas avec le célèbre Pythagore qui, végétarien et respectueux de l’animal, estimait que celui-ci était doté d’une âme, qu’il avait de la raison et que pour cela on devait le respecter. De même  au 16ème siècle avec Montaigne, le philosophe, qui adorait les animaux et était en admiration devant les chiens, notamment les chiens guides d’aveugles déjà existants à l’époque.

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Malheureusement au 17ème siècle cet amour de l’animal en prend un coup avec le philosophe Descartes et surtout son disciple Malebranche : « Celui-ci compare les chiens à des horloges qui, dès qu’on leur donne un coup, le moindre bruit est comme le cliquetis d’une horloge. Cette théorie a fait beaucoup de tort à l’animal en général car elle est restée très longtemps dans la tête des gens » regrette Victoria Vanneau.

Même encore de nos jours ! C’est pour cette raison qu’à l’automne dernier de nombreux citoyens et personnalités ont signé le manifeste de la Fondation 30 millions d’amis, en faveur de l’animal. Luc Ferry disait alors : « Il serait bienvenu de faire évoluer cette vision héritée de Descartes qui considérait les bêtes comme des machines ».

Puis au 19ème siècle, le Général Grammont, très sensible à la cause animale, restera dans l’histoire : « Quand il a voulu faire voter ses textes contre la cruauté animale, cela a fait beaucoup rire. Les choses n’ont pas abouti complètement mais indique l’auteur. Et l’entêtement de ce Général a abouti en 1850 au vote d’une loi pour lutter contre la maltraitance aux animaux en public uniquement, la loi ne voulant pas intervenir dans la vie privée des gens.  Il faudra attendre un siècle plus tard en 1959 pour que cela change. Aujourd’hui au 21ème siècle, le statut du chien a évolué puisqu’en majorité il fait partie intégrante de la famille. C’est pourquoi il est difficile de comprendre pourquoi la loi, elle, ne change pas vers une reconnaissance de l’animal à part entière.